Mon père

Publié le 7 Décembre 2016

Mon père

Le regard de mon père avait quelque chose de la rivière de campagne qui coule, simplement.

Lorsqu'il me regardait ces reflets miroitaient leur douce lumière sur mon visage.

Il me lavait de tout.

Le corps de mon père, c'était un manège de fête foraine.

Il me charivariait en tous sens, avec ses bras j'étais toupie, avion en vrille, projectile vers la piscine, fusée dans les étoiles; sur son dos rodéo, cowboy ou cornac d'éléphant, et je dominais le monde assis sur ses épaules, lilliputien de Dieu mon père.

C'était un homme simple aspirant à une vie simple. Je suis sûr qu'il traverse sa mort d'un pas de marcheur, avec des pauses de chercheur de champignon, des gestes longs de pécheur à la mouche.

Je suis certain qu'il sortirait de sa mort, brossant d'une main heureuse, sur ses épaules une poussière de néant qui ne tient pas.

Il sortirait un instant, pour venir me dire de ne pas m'en faire.

Et je dessinerais son regard, d'une lumière que j'emprunterais à toute la poussière d'or d'un contre-jour d'automne sur sa Loire.

PH.

 

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #Ecrits

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J
Pareillement à Eva, j'ai adoré ces mots. C'est touchant, d'une parfaite sensibilité, une eau claire que rien ne trouble. J'aimerais un jour trouver des mots aussi juste... Merci mon ami, tu vois quand on écrit ainsi, on touche quelque chose qui ne nous appartient pas, c'est troublant.
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N
Comme je le disais à Eva , Il est venu me rendre visite ce jour là ! Imagines toi que je me suis rendu compte quelques heures plus tard que nous étions le jour anniversaire de sa mort il y a plus de 20 ans ! l'émotion n'en a été que plus grande et comme tu le dis : parfois les mots nous dépassent... Bien amicalement Jean Pierre le bonjour.
H
Nos pères formeraient-ils une paire?Ces mots se poseraient parfaitement sur les épaules de mon père comme un bras frère, comme un rayon de lumière sur le visage qu'elle épouse.
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N
Quel bonheur alors, que d'avoir eu ces pères là ! J'espère qu'il y a là-haut une sorte de club, ils pourraient s'y retrouver... Bonjour Hélène*.
E
J'adore ce texte ! Quelle beauté ! Merci Nathanaël...
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N
Il est venu me souffler les mots ! Imagines toi que je me suis rendu compte quelques heures plus tard que nous étions le jour anniversaire de sa mort il y a plus de 20 ans ! <br /> Bonjour Eva.
J
Ta source est claire et limpide Nathanaël, je l'entends te chanter le murmure de l'amour paternel et toi tu peux dormir comme un loir...
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N
Cette source là de lui me vient... Merci Jamadrou de ton passage ici, allez je vais faire le loir dans le noir !