Adieu.
Publié le 27 Décembre 2012
Je suis étranger à la mélancolie, non pas à la tristesse au fond de soi, à une forme de désespoir poétique. J'aime même à le fréquenter certain soir, épaulé d'un air de vin, adossé à un verre de violoncelle. Quelques livres pas loin ou seulement quelques étoiles scintillant sous ma nuque, mon regard au firmament.
La joie se rencontre en chemin, la vie est le chemin, ni triste, ni gai, un chemin. Le chemin de l'adieu tout de même me disais-je , de la rencontre parfois et toujours de l'adieu, qui rend la joie riche, belle.
Qui n'a pas consenti à l'adieu, n'a pas consenti à l'autre.
A l'autre dans sa liberté, l'adieu, c'est l'altérité en acte.
L'au-revoir est reproduction, retrouvailles à venir, là où l'adieu est séparation.
Lorsque mon langage se confie aux bras du silence en moi, je me dis cela.
Je parle là d'une relation où les deux co-existent, pas d'un rapport où seul à seul ils se confondent, se con-fusionnent ! Ou d'un rapport solitaire démultiplié à soi même où trois ou quatre ou plus s'illusionnent, s'autogénèrent, où les fantasmes coopulent, des corps se frottent.
Je ne parle pas d'une relation où le silence est érigé en vérité, et où les mots se font si rares que forcément l'on s'égare. Les mots-chats sont indépendants mais les chameaux sont sans soif en désert de mirages.
La soif...
Le manque n'est pas que la dépendance, il est aussi l'offre de son désir, dénudé de précautions, vulnérable dans sa chair tendre, il est don de soi.
Tout est toujours question de proportion, et nul n'est sage seul au fond de sa grotte, ermite de sa montagne dogmatique, qui fait rouler les cailloux des mots des autres sages sur le pèlerin qui tente de le rejoindre.
Je parle là de l'échange, de la communication. Je pose ce mot sur un bord de la table et il luit dans l'obscurité de la rumeur. Rien d'autre.
Il se reflète dans mon verre de vin, dont le violoncelle vibre la surface de son harmonie, merci me disais-je, merci de ce bout de chemin, va ,vis, et que l'on m'amène encore du vin !
PH.