Adieu.

Publié le 27 Décembre 2012

Photo: Philippe Pache

Photo: Philippe Pache

Je suis étranger à la mélancolie, non pas à la tristesse au fond de soi, à une forme de désespoir poétique. J'aime même à le fréquenter certain soir, épaulé d'un air de vin, adossé à un verre de violoncelle. Quelques livres pas loin ou seulement quelques étoiles scintillant sous ma nuque, mon regard au firmament.

La joie se rencontre en chemin, la vie est le chemin, ni triste, ni gai, un chemin. Le chemin de l'adieu tout de même me disais-je , de la rencontre parfois et toujours de l'adieu, qui rend la joie riche, belle.

Qui n'a pas consenti à l'adieu, n'a pas consenti à l'autre.

A l'autre dans sa liberté, l'adieu, c'est l'altérité en acte.

L'au-revoir est reproduction, retrouvailles à venir, là où l'adieu est séparation.

Lorsque mon langage se confie aux bras du silence en moi, je me dis cela.

Je parle là d'une relation où les deux co-existent, pas d'un rapport où seul à seul ils se confondent, se con-fusionnent ! Ou d'un rapport solitaire démultiplié à soi même où trois ou quatre ou plus s'illusionnent, s'autogénèrent, où les fantasmes coopulent, des corps se frottent.

Je ne parle pas d'une relation où le silence est érigé en vérité, et où les mots se font si rares que forcément l'on s'égare. Les mots-chats sont indépendants mais les chameaux sont sans soif en désert de mirages.

La soif...

Le manque n'est pas que la dépendance, il est aussi l'offre de son désir, dénudé de précautions, vulnérable dans sa chair tendre, il est don de soi.

Tout est toujours question de proportion, et nul n'est sage seul au fond de sa grotte, ermite de sa montagne dogmatique, qui fait rouler les cailloux des mots des autres sages sur le pèlerin qui tente de le rejoindre.

Je parle là de l'échange, de la communication. Je pose ce mot sur un bord de la table et il luit dans l'obscurité de la rumeur. Rien d'autre.

Il se reflète dans mon verre de vin, dont le violoncelle vibre la surface de son harmonie, merci me disais-je, merci de ce bout de chemin, va ,vis, et que l'on m'amène encore du vin !

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

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F
"Qui n'a pas consenti à l'adieu, n'a pas consenti à l'autre. " ça ...
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J
Des mains posées sur de la soie, voilà peut-être finalement la vrai douceur de l'échange, pour peu que les mains soient soignées, que le geste soit beau et la soie soit peignée. Merci pour ce texte profond, accompagné par Bacchus qui nous aura déjà livré beaucoup de nous-même. Je vous rejoins, Juliette et toi, et à mon tour, je lève mon verre aux dernières heures de 2012 et à celles, déjà généreuses dans les échanges que nous aurons en 2013. Amitiés.<br /> Jonas
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N
Que serions nous sans Bacchus... J'aime la vie... Dionysiaque ! Oui Jonas 2 0 1 3 sera, et sera généreuse, les mots couleront à flots ! A très bientôt, amicalement. <br /> Ph.
N
Bonsoir Nathanaël !<br /> Belle définition de l'adieu... Pour qui est-il celui-ci?<br /> En tout cas, dire adieu à quelqu'un en le remerciant est surement la plus belle séparation !<br /> Bises, bonne soirée
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N
Merci Naïs'<br /> Il y a toujours un merci , c'est un des plus beaux mots merci, je trouve. Simplement prononcé , d'un souffle donné . <br /> Excellente journée à toi .
L
Oooh l'Adieu ! Et toujours ce regard distancié Nathanaël, je te reconnais bien là , toi aussi tu fais le sage que tu critiques ici ! Encore que c'est vrai que tu n'es pas en haut de la montagne, ni seul, et même plutôt très entouré ...Bon je retire, mais je le laisse quand même... bises
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N
Je ne suis pas un sage Lau, ta tendance à l'exagération ... Et c'est tout au plus une pique contre &quot; les sages &quot; et leurs mots , tout comme les anges ... Je ne vais pas tarder à m'occuper de leur cas... Quand je retrouve un peu de temps. La bise.
J
Et la sagesse ne se pratique qu'au contact de l'autre, pas toute seule sur son rocher. Échange, communication ... Merci Nathanaël , je bois un verre de vin moi aussi, seule ce soir.
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N
Juliette, une fois de plus nous nous rejoignons et maintenant je sais pourquoi ... Le boulot m'appelle, à très bientôt.
J
Tellement me parle dans votre écrit ... Le manque offert à l'autre comme un don, comme une force de sensibilité , se montrer vulnérable parce que s'acceptant dans sa fragilité . C'est le vrai don de soi pour moi et bien loin de la dépendance , à l'opposé même me semble t-il... et le silence à la limite du mutisme comme source de l'incompréhension . Le silence n'est pas forcément la sagesse ,
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E
&quot;Je parle de l'échange, de la communication. Je pose ce mot au bord de la table et il luit dans l'obscurité de la rumeur.&quot;<br /> Je le vois, au bord de la table... Je le vois luire, rond comme la pomme de Cézanne qui luit et tourne sur le bord de la table, dans la toile de Cézanne...<br /> Ne partez pas déjà... je veux bien consentir à l'adieu, mais... je ne suis pas encore prête... J'ai encore besoin de vos &quot;mots-chats&quot;...
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N
Bonjour Eva... Un verre n'a pas suffit... Il m'a fallu une bouteille ! Je suis bien là, merci de vous en inquiéter, je suis touché. Un adieu à un chemin à l'orée des possibles ... Un chemin de traverse, buissonnier , initiatique, unique ...