Publié le 22 Septembre 2016

Sensualité

J'entendais le grésillement de la flamme de la bougie, et dans la pénombre le bruissement du tulle à la fenêtre entrouverte. L'été s'en allait délicatement, laissant la place au crépuscule des jours.

En un chuintement, la chute des vêtements.

Intensément, lentement, consciemment, ressentir l'essence de chaque instant de vie.

Silencieusement absolument.

Ce " si peu " est un tout très rare.

Une attente de tout l'être, un abandon dans chaque geste, l'écoute de tous les frissons de la nuit.

La volupté de la chair dans cette solitude partagée, c'est autant un savoir-vivre ensemble qu'un savoir-mourir à ce moment précis.

Un temps sacré , une prière exaucée, une piété heureuse comme un souffle chaud exhalé.

Délacer cet instant, comme dénouer les rubans de soie d'un cadeau de la vie.

Un pas sur une lame de parquet boisé. Profondeur de l'attente.

La grâce se situe entre les anges et la chair.

Entendre le silence.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 15 Août 2016

Fanatiques

Nous sommes des forteresses errantes et irréfragables.

Dans nos cryptes, comme un trésor, un amas de croyances, de préjugés irréfléchis, de certitudes irréfutables.

...

Même celui qui se prend d'assaut, s'assiège, se défait moellons après moellons de ses murailles d'instincts, d'obstinations; même celui là qui parvient à se vaincre, demeure sous l'étendard de son combat, chevalier de sa lucidité... Encore fanatique.

Fanatique du combat mené, fanatique de lui-même dans le désert empierré des restes de son moi.

...

Dans notre infaillibilité, la croyance de, nous abritons tant d'intolérance, défendons nos idées avec tant d'acharnement et, même si nous nous approchons d'une forme de détachement, n'est ce pas là une ruse de notre orgueil ?

Même le sceptique est amoureux de ses doutes ! Fanatique aussi...

¨¨¨

Notre idée de nous même est notre propre vie.

Comment tuer cette idée ?

...

Je vais aller aujourd'hui, déprit d'absolu, errer dans une tasse de café.

M'enivrer de son arôme, me vêtir de sa crème onctueuse, tournoyer dans sa noirceur, danser dans l'esprit qui flotte au dessus de la porcelaine, briller de mille paillettes d'or en reflet de soleil.

Y passer ma journée, puis être totalement bu par la vie.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 15 Juillet 2016

Dessin de Mesia, emprunté sur la toile.

Dessin de Mesia, emprunté sur la toile.

On pourra toujours crier, on pourra toujours pleurer.

On pourra se recueillir, et déposer une fleur.

On pourra marcher, dans le silence.

Quelques uns mettront des pancartes, feront de jolis dessins.

Ah oui et puis les bougies...

Changer sa photo de profil.

Je suis atterré.

Enterré sous les couches successives de notre impuissance.

Que faire contre un fou qui loue un dix-huit tonnes pour broyer des humains ?

La folie meurtrière, qu'elle soit collective ou individuelle, semble tapie à chaque coin de rue.

La haine de l'autre, l'exaltation de soi-même au mépris d'autrui, semblent proliférer comme des mauvaises herbes, carnassières.

La violence, la destruction sont souveraines.

Il nous faut pourtant trouver un surcroit de vie dans la douleur, dans l'incompréhension, surmonter la colère, la sidération.

Il faut se donner la main, se donner des paroles, un regard, se donner du plaisir de rien, un repos de tout.

La substance inaltérable de l'amour seule l'emportera sur toute cette noirceur.

Je vous embrasse avec les bras.

Philippe.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #Ecrits

Publié le 1 Mai 2016

Tzigane endiablée

Pousse le vent sous la feuille,qui l'emmène au firmament.

Volette petite, qui pour l'oiseau se prend,

lorsque d'elle la rafale s'éprend ; d'ailes se pense dotée,

loin de sa branche,  de coté elle penche,

petite feuillette, tourbillonnant, papillonnant,

découvre le monde de haut en bas,

et dans la fente du mur empierré

soudain se coince, vibrante,

chantant un effarouchement,

au lierre montant, s'accrochant

contre les embardées ventesques.

Avril disparait, tandis que Mai,

de toute ses couleurs de printemps,

paré, annonce l'été.

Les nuées s'éloignent au mistral attachées

quelques gouttes claquent la petite effrontée,

sur son mur maintenant emmelée,

au feuillu cramponé,

et qui son bonheur ne cache pas,

de se croire tamtam, tambour et autres timbales.

Ainsi va la vie,

et la tourterelle,

mon amie,

la Turque,

me fait sa roucoulade,

reclamant ses graines,

sous l'arbre d'où venait,

la petite feuille qui se prenait,

pour une tzigane endiablée.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 20 Avril 2016

photo : Gilles rémus

photo : Gilles rémus

Des mots qui partent puis reviennent, valsent, s'embrassent et s'embrasent, finalement s'éteignent en silence partagé. Doux brasier au coeur de la noire nuit.

Des anges, une libellule, un pachyderme, des ailes palpitantes, des plumes, des séquelles, les années passent, qu'il est loin l'âge tendre, nul ne peut nous entendre.

D'un hier enluminé du souvenir de nos jeunes années, s'évanouit entre les charmes, s'en va dans un soupir de résille abandonnée, de tulle emporté dans le vent des lilas.

Je connais le mouvement des hanches de tes mots, ton parfum et ton rire qui riment en poésie, au baiser de ta bouche une ronde de saveurs. La main qui couche tes mots, me couche à nouveau.

J'aurais gouté ton ambroisie, d'un silence consacré, puis fuir, reprendre les plumes et en faire un refuge, à l'idylle désertée, au toucher orphelin de toi, de ta peau, au silence miraculeux, au partage secret.

Des mots qui partent puis reviennent, un tango de mille mots, et le silence en refrain, en mille faims. Le jardin du silence de nos amours anciennes, les mots superflus.

Peut-être ne fera t-on jamais ce pas de deux, de trois et de tant de...Un caprice hasardeux, l'Orphée solitaire, Eurydice... Il vaudrait mieux que l'on s'égare, entre deux souvenirs, incertains, comme on rêve d'un instant d'autant plus vrai qu'il brule, un instant qu'on a pas et pourtant c'est le seul.

Aimer d'un amour de pure perte.

A jamais.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 27 Mars 2016

Herbes folles

Quelques herbes folles,

au vent des souvenirs,

s'agitent languissantes,

en mon âme intemporelle.

*

Le corps se ruine;

pourtant sans douleur,

il se penche ramasser,

quelque monnaie éculée,

quelque sou épuisé,

d'un jadis resplendissant,

cependant que s'entend,

au loin,

le froissement soyeux,

d'une légère robe d'été,

sur un tendre sein frémissant.

*

Tes vingt ans mon amour,

vivent en moi,

comme au premier jour.

*

Le poète se promène,

qui ne peut rien oublier,

écrin immuable,

de tes jeunes années.

PH.

 

 

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 27 Mars 2016

Lui et  moi

Fax...

Le soir, dans son odeur familière,

il plonge son nez,

s'emplissant de l'instant.

 A son coté, dehors,

sur les marches de la cuisine,

il caresse son long poil doux,

d'une main aimante,

Tandis que l'étoile au dessus,

d'un toit de maison,

brillante,

fixe le regard de l'homme,

assis avec son chien.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 4 Mars 2016

Disjoints

...

Suivre le tranchant de la montagne, sectionnée d'un tumulte d'eau furieusement descendante, défendante . Une eau rocailleuse.

En haut un reg, le plateau pierreux qui a tué le mot verdure.

Et là en tombeau immuable: un monastère de pierre...

Pendu au bord de la falaise, en vertige suicidaire. Interminable, la sente qui se démène d'y arriver. Plus que solitaire , déserte, plus que déserte , abandonnée.

C'est tout en haut et cela pourrait être aux tréfonds.

Cela a toujours été, insu...!

le monastère traversé : une pièce ascétique sol de terre battue et une salle d'eau aride où l'anormal cohabite,co-exigüe...

il y a cette porte de bois ancestral qui enferme la cour intérieure, ceinte de poussière séculaire, de pierres en mur à droite . A gauche l'abrupt chute interminable vers le monde disparu... Ici est né le mot à-pic ... Silence et poussière sont un.

Pendu à l'aplomb de la falaise un arbre mort étranglé entre quelque crevasse où s'accrochent pétrifiées trois racines pour deux branches d'un gris immanent...

Et là : l'enfant.

Suspendu au dessus du vide abyssal. Se tenant des deux mains au bout de sa branche, trois quatre ans tout au plus. Sec comme un kéké... Déterminé. Verrouillé. Positionné. Entêté. Obstiné. Réfugié.

Pas un mot . Mutique.

La première fois je ne parviendrai pas même en haut. Je resterai à flanc de montagne, assis au bord du torrent à regarder disparaître la petite robe de fête. Des mots ainsi , des mois ainsi. Je me perdrai à redescendre dans le tumulte des autres, fuyant ma source. Croyant faire un choix .

Puis je reviendrais sans un mot, sans déranger, sans savoir l’évidence, aider, tenter de le sauver . Le confortant ainsi dans son choix.

Des mois encore...et me voici là . Tous les soirs je viens me coucher à côté , de lui , sur la terre. Je ne sais pas les mots, je ne sais pas les gestes, je ne sais pas les larmes, je ne sais pas la prière.

Je sais qu'il est moi, je me reconnais enfin. Mais lui qui connait-il encore ?

l'arbre est généalogique ? Mort.

Il attend que je lui rende justice.

" Elle me fait mal " dit il le jour où enfin il quitte l'intenable et vient s'assoir sur le bord de la falaise.

Si loin encore.

Nous sommes là.

Au bord du vide.

Disjoints.

Philippe.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 23 Février 2016

Adonna Khare. Artiste.

Adonna Khare. Artiste.

Je suis en exil, de moi même.

Lors des jours de mon enfance, un cataclysme invisible m'a expulsé de mon être, je suis devenu en moi même un étranger. Un déraciné.

Parfois au hasard d'un détour je reviens à ma propre source, mais comme je suis égaré, la topographie des lieux m'échappe et sitôt l'instant d’après je vagabonde à nouveau à la recherche de la plénitude.

Je suis perdu.

Quelques-uns plus aguerris que moi, plus avancés, parfois m'indiquent le chemin de leur propre trace, d'autres plus centrés m'inspirent quelques espoirs, l’œil du cyclone me laisse alors penser que je suis parvenu à un accord avec moi même, mais je suis perdu à jamais.

J'ai cerné la nature et l'origine de cette déflagration lente, mais tout cela reste comme dans une boule à neige posée sur une étagère de ma compréhension, sans que je puisse intervenir pour sauver celui qui y est enfermé.

Je suis en exil de moi même, la conscience de cela rajoute à ma souffrance et j'aimerai parfois retourner à la myopie ordinaire.

Je répète à l'infini les mêmes erreurs, tombe dans les mêmes ornières et inlassablement m'en extirpe le temps d'y rechuter.

Certainement cela me permet-il de mieux comprendre autrui, de l'accepter dans sa difficulté à être, mais pas moi même.

J'aimerai d'un mouvement d'épaule, me dégager et laisser glisser à mes pieds nus, ma carapace pachydermique puis m'éloigner seulement vêtu d'innocence, de bonté et de bienveillance.

Mais je chemine sans fin, affamé, sur les routes de mon exode, alors que s'éteint l'espoir de m'agenouiller un jour prés de ma source.

Philippe.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 18 Février 2016

photo : Artur Politov.

photo : Artur Politov.

Je fais trois pas,

mains de soie, figure d'écorce,

la route est là à perte de toi.

Je fais trois pas,

mains de bois, peau parchemin,

la route est noire au fond de moi.

Je fais trois pas,

mains à marée basse, corps en ressac,

la route se tait, la route n'est plus.

Moi aussi, moi aussi j'arrive...

comme un géant, moi aussi comme un amant,

Moi aussi, moi aussi, j'arrive, en fuyant,

je suis encore loin devant,

si la vie me manque, je ne sais plus qui, ni trop quoi.

A perte de toi, moi aussi,

badadi badadam, lalali, lalaaalam, lalailiaam

moi aussi, moi aussi j'arrive aimant,

je fais trois pas,

mains enrouées, deux larmes éraillées, figure de pluie,

la route est toi, la route est moi.

Je fais trois pas,

badadi badadam, lalali, lalaaalam, lalailiaam...

mains de baisers, cœur dénoué

la route est tellement mieux que ça.

Je fais trois pas,

mains de dentelle, figure de joie,

et tu es là.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits