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Publié le 7 Décembre 2016

Mon père

Le regard de mon père avait quelque chose de la rivière de campagne qui coule, simplement.

Lorsqu'il me regardait ces reflets miroitaient leur douce lumière sur mon visage.

Il me lavait de tout.

Le corps de mon père, c'était un manège de fête foraine.

Il me charivariait en tous sens, avec ses bras j'étais toupie, avion en vrille, projectile vers la piscine, fusée dans les étoiles; sur son dos rodéo, cowboy ou cornac d'éléphant, et je dominais le monde assis sur ses épaules, lilliputien de Dieu mon père.

C'était un homme simple aspirant à une vie simple. Je suis sûr qu'il traverse sa mort d'un pas de marcheur, avec des pauses de chercheur de champignon, des gestes longs de pécheur à la mouche.

Je suis certain qu'il sortirait de sa mort, brossant d'une main heureuse, sur ses épaules une poussière de néant qui ne tient pas.

Il sortirait un instant, pour venir me dire de ne pas m'en faire.

Et je dessinerais son regard, d'une lumière que j'emprunterais à toute la poussière d'or d'un contre-jour d'automne sur sa Loire.

PH.

 

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #Ecrits

Publié le 4 Décembre 2016

Le vent

L'essentiel on le saisit en un instant, tout le reste est de trop.

J'aime le vent, j'aime ce déchirement sans bruits des nuages,  ce papier crépon du ciel qu'il écrit d'encre invisible, en filigrane.

Il écrit en italique dans les feuilles des arbres, danse et chante dans ses branches en petite robe de fête.

J'aime qu'il recoiffe de naturel les belles femmes, révèle leur nuque sensuelle, dévoile leurs jambes à mi-cuisse d'un soupir égrillard.

J'aime le vent inépuisable, celui qui balaie le temps au seuil de chaque jour.

Il porte dans le ciel des dessins d'oiseaux ailés en arabesques de tutus, de tu-tulles d'air.

L'automne , Il tourbillonne quelques feuilles mortes en une dernière danse de joie d'été, et lorsque le printemps bégaie, il fait remonter les cols sur les peaux vivantes.

J'aime le vent dans son tango d'eau de pluie, son flamenco d'orage qui castagnette la terre brute, son souffle de colère qui recoiffe les toits, gifle quelques tuiles présomptueuses.

J'aime le vent qui d'un geste éternel soulève poussière en une valse embrasée de sirocco, ce vent à la force  infinie qui caresse l'océan de vagues longues, la mer de baisers d'écume, le désert de dunes éphémères.

J'aime son silence de brise.

Et j'aime par dessus tout, le vent qui m'apporte subrepticement ton parfum.

PH.

 

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #Ecrits

Publié le 20 Novembre 2016

Prélèvement automatique !

Ce que nous savons, plus ou moins, c'est que nous finirons poussière.

Ce que nous ne savons pas, c'est que nous vivons en miettes.

Des miettes de nous même, éparses sur la grande table de la consommation, les reste du repas pantagruélique des puissants, de ceux qui se partagent le gâteau que nous sommes, les insignifiants.

Nous sommes en prélèvement automatique... Impôts, taxes, loyers, charges, assurances, petits riens, tout !

Prélevés a la source, comme nos organes bientôt...

Nous sommes désignés consentants, non-opposables.

Ils nous disent consommateurs, nous sommes consommés, voire usagers, usagés... Ils ont retournés les mots, dépecés leur sens, les ont étripés.

" Tripadvisor a choisi Rent A Car, et vous ? "

Sur le pare-brise de la voiture devant moi ce message s'impose à mon regard émiettant ma pensée en cours.

Quel publicitaire s'est arrogé le droit de vendre mon attention sans mon consentement ?

Vol d'attention, de conscience, de notre intériorité : Prélèvement automatique !

Nous sommes incessamment sous " les coups " d'une injonction, d'une pollution psychique qui contamine notre entièreté.

Acheter le moins cher , le encore moins cher, rechercher la bonne affaire, manger comme ceci, pas comme cela, en manger cinq, jetez ça là, pas ici, votez lui, accueillez, donnez...

Constamment sollicités de l'extérieur il est devenu quasi impossible d'avoir une pensée longue tant nous sommes fragmentés, tant notre attention est prélevée.

Ils nous vendent des miracles faits de mots roses, moroses, des miracles tristes, empoisonnés, ce sont des prophètes du faux bonheur.

Toute la science du monde. Toute la publicité du monde. Toute la politique du monde ne vaut pas mon ressenti.

Tous les ordres de la vie extérieure, acheter, vendre, triompher, écraser ont rempli le paradis du vide, du silence, du moins que rien, de l'insondable, rempli d'un bruit de fanfare tonitruante, fanfreluches et paillettes du divertissement, pour que s'opère le grand prélèvement automatique de nos vies.

Nous vivons en miettes, à quand l'heure de refaire le pain complet, entier ?

PH

 

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 4 Novembre 2016

Je ne t'ai pas apporté de fleurs

A toi, qui si bien, savait me désaimer, j'ai deux mots à dire.

Pour cet amour mammaire où le sein tête l'enfant, pour tout ce lait que tu m'as dérobé, ce lait de l'enfance dont je fus spolié, mon enfance suçotée par ton corps de femme, aspirée, vampée, mon corps d'enfance dont tu as fait ta poupée mâle.

Combien ai-je porté cette  tare d'être garçon, puis d'être homme et que tu ne le fus pas !

Tous ces câlins d'enfance réquisitionnés, bafoués, gauchis, jusqu'à ce que je parvienne à te fuir.

Ces chantages insupportables.

Le corps de mon père que tu as rejeté sur les rives de l'alcool, son corps de papa que tu as tué si tôt, que j'ai pu pleurer si tard.

Toi, Reine-Mère, du haut du piédestal de ta souffrance des hommes de ta mère, combien tu m'as enchainé, tronqué, ligoté, abusé, à tes désirs borgnes, Jocaste tordue.

Combien, j'ai du subir le feu de ton regard que j'en brule encore de tout mon corps.

Non, je ne t'ai pas apporté de fleurs.

Je me tiens là, devant ta tombe, simplement, face à toi afin de te dire combien tu m'as blessé, courroucé, et que si j'ai fuit toute ma vie, ta mélancolie, c'est fini !

Cette fuite en moi, de toi, de ta cyclothymie, ce " il faut que je m'en sorte " c'est fini.

Et toute l'obstination que j'y ai mis, c'est fini.

L'ordalie infinie, c'est fini.

Et

A l'heure où l'on pèsera, Madame,

Dans l'intangible balance,

Le plus tendre de mon âme,

Je vous parlerai des créances,

Que vous avez à mon égard... Madame.

 

Je ne vous ai pas apporté de fleurs.

PH.

 

 

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #Ecrits

Publié le 23 Septembre 2016

A eux.

La plage sur son flanc, allongée,

prend le soleil sur le bord de la mer.

 

Le bleu turquoise de la méditerranée,

vide le ciel de son azur,

où quelques mouettes tracent,

quelques arabesques,

d'une encre de chine blanche.

 

Sous l'ardent,

les galets sentent le monoï.

 

Il y a le ressac,

revenant sempiternellement à l'assaut,

dans une bataille parfois langoureuse avec la côte,

parfois tumultueuse.

 

Quelques galets s'y perdent à jamais.

 

Les rares nuages sont l'écume du vent céleste.

 

Une voile au loin trace l'horizon si peu défini,

d'un lent trait lumineux.

 

La myriade des reflets ensoleillés,

fait un kaléidoscope,

des éclats de rire de la mer.

 

Derrière moi,

le brouhaha de la prom'

le brouhaha,

de l'attentat.

 

Toujours là.

 

 

Pas eux.

 

 

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 22 Septembre 2016

Sensualité

J'entendais le grésillement de la flamme de la bougie, et dans la pénombre le bruissement du tulle à la fenêtre entrouverte. L'été s'en allait délicatement, laissant la place au crépuscule des jours.

En un chuintement, la chute des vêtements.

Intensément, lentement, consciemment, ressentir l'essence de chaque instant de vie.

Silencieusement absolument.

Ce " si peu " est un tout très rare.

Une attente de tout l'être, un abandon dans chaque geste, l'écoute de tous les frissons de la nuit.

La volupté de la chair dans cette solitude partagée, c'est autant un savoir-vivre ensemble qu'un savoir-mourir à ce moment précis.

Un temps sacré , une prière exaucée, une piété heureuse comme un souffle chaud exhalé.

Délacer cet instant, comme dénouer les rubans de soie d'un cadeau de la vie.

Un pas sur une lame de parquet boisé. Profondeur de l'attente.

La grâce se situe entre les anges et la chair.

Entendre le silence.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 15 Août 2016

Fanatiques

Nous sommes des forteresses errantes et irréfragables.

Dans nos cryptes, comme un trésor, un amas de croyances, de préjugés irréfléchis, de certitudes irréfutables.

...

Même celui qui se prend d'assaut, s'assiège, se défait moellons après moellons de ses murailles d'instincts, d'obstinations; même celui là qui parvient à se vaincre, demeure sous l'étendard de son combat, chevalier de sa lucidité... Encore fanatique.

Fanatique du combat mené, fanatique de lui-même dans le désert empierré des restes de son moi.

...

Dans notre infaillibilité, la croyance de, nous abritons tant d'intolérance, défendons nos idées avec tant d'acharnement et, même si nous nous approchons d'une forme de détachement, n'est ce pas là une ruse de notre orgueil ?

Même le sceptique est amoureux de ses doutes ! Fanatique aussi...

¨¨¨

Notre idée de nous même est notre propre vie.

Comment tuer cette idée ?

...

Je vais aller aujourd'hui, déprit d'absolu, errer dans une tasse de café.

M'enivrer de son arôme, me vêtir de sa crème onctueuse, tournoyer dans sa noirceur, danser dans l'esprit qui flotte au dessus de la porcelaine, briller de mille paillettes d'or en reflet de soleil.

Y passer ma journée, puis être totalement bu par la vie.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 15 Juillet 2016

Dessin de Mesia, emprunté sur la toile.

Dessin de Mesia, emprunté sur la toile.

On pourra toujours crier, on pourra toujours pleurer.

On pourra se recueillir, et déposer une fleur.

On pourra marcher, dans le silence.

Quelques uns mettront des pancartes, feront de jolis dessins.

Ah oui et puis les bougies...

Changer sa photo de profil.

Je suis atterré.

Enterré sous les couches successives de notre impuissance.

Que faire contre un fou qui loue un dix-huit tonnes pour broyer des humains ?

La folie meurtrière, qu'elle soit collective ou individuelle, semble tapie à chaque coin de rue.

La haine de l'autre, l'exaltation de soi-même au mépris d'autrui, semblent proliférer comme des mauvaises herbes, carnassières.

La violence, la destruction sont souveraines.

Il nous faut pourtant trouver un surcroit de vie dans la douleur, dans l'incompréhension, surmonter la colère, la sidération.

Il faut se donner la main, se donner des paroles, un regard, se donner du plaisir de rien, un repos de tout.

La substance inaltérable de l'amour seule l'emportera sur toute cette noirceur.

Je vous embrasse avec les bras.

Philippe.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #Ecrits

Publié le 1 Mai 2016

Tzigane endiablée

Pousse le vent sous la feuille,qui l'emmène au firmament.

Volette petite, qui pour l'oiseau se prend,

lorsque d'elle la rafale s'éprend ; d'ailes se pense dotée,

loin de sa branche,  de coté elle penche,

petite feuillette, tourbillonnant, papillonnant,

découvre le monde de haut en bas,

et dans la fente du mur empierré

soudain se coince, vibrante,

chantant un effarouchement,

au lierre montant, s'accrochant

contre les embardées ventesques.

Avril disparait, tandis que Mai,

de toute ses couleurs de printemps,

paré, annonce l'été.

Les nuées s'éloignent au mistral attachées

quelques gouttes claquent la petite effrontée,

sur son mur maintenant emmelée,

au feuillu cramponé,

et qui son bonheur ne cache pas,

de se croire tamtam, tambour et autres timbales.

Ainsi va la vie,

et la tourterelle,

mon amie,

la Turque,

me fait sa roucoulade,

reclamant ses graines,

sous l'arbre d'où venait,

la petite feuille qui se prenait,

pour une tzigane endiablée.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 20 Avril 2016

photo : Gilles rémus

photo : Gilles rémus

Des mots qui partent puis reviennent, valsent, s'embrassent et s'embrasent, finalement s'éteignent en silence partagé. Doux brasier au coeur de la noire nuit.

Des anges, une libellule, un pachyderme, des ailes palpitantes, des plumes, des séquelles, les années passent, qu'il est loin l'âge tendre, nul ne peut nous entendre.

D'un hier enluminé du souvenir de nos jeunes années, s'évanouit entre les charmes, s'en va dans un soupir de résille abandonnée, de tulle emporté dans le vent des lilas.

Je connais le mouvement des hanches de tes mots, ton parfum et ton rire qui riment en poésie, au baiser de ta bouche une ronde de saveurs. La main qui couche tes mots, me couche à nouveau.

J'aurais gouté ton ambroisie, d'un silence consacré, puis fuir, reprendre les plumes et en faire un refuge, à l'idylle désertée, au toucher orphelin de toi, de ta peau, au silence miraculeux, au partage secret.

Des mots qui partent puis reviennent, un tango de mille mots, et le silence en refrain, en mille faims. Le jardin du silence de nos amours anciennes, les mots superflus.

Peut-être ne fera t-on jamais ce pas de deux, de trois et de tant de...Un caprice hasardeux, l'Orphée solitaire, Eurydice... Il vaudrait mieux que l'on s'égare, entre deux souvenirs, incertains, comme on rêve d'un instant d'autant plus vrai qu'il brule, un instant qu'on a pas et pourtant c'est le seul.

Aimer d'un amour de pure perte.

A jamais.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits