Publié le 7 Décembre 2016
Le regard de mon père avait quelque chose de la rivière de campagne qui coule, simplement.
Lorsqu'il me regardait ces reflets miroitaient leur douce lumière sur mon visage.
Il me lavait de tout.
Le corps de mon père, c'était un manège de fête foraine.
Il me charivariait en tous sens, avec ses bras j'étais toupie, avion en vrille, projectile vers la piscine, fusée dans les étoiles; sur son dos rodéo, cowboy ou cornac d'éléphant, et je dominais le monde assis sur ses épaules, lilliputien de Dieu mon père.
C'était un homme simple aspirant à une vie simple. Je suis sûr qu'il traverse sa mort d'un pas de marcheur, avec des pauses de chercheur de champignon, des gestes longs de pécheur à la mouche.
Je suis certain qu'il sortirait de sa mort, brossant d'une main heureuse, sur ses épaules une poussière de néant qui ne tient pas.
Il sortirait un instant, pour venir me dire de ne pas m'en faire.
Et je dessinerais son regard, d'une lumière que j'emprunterais à toute la poussière d'or d'un contre-jour d'automne sur sa Loire.
PH.