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Publié le 27 Mars 2016

Herbes folles

Quelques herbes folles,

au vent des souvenirs,

s'agitent languissantes,

en mon âme intemporelle.

*

Le corps se ruine;

pourtant sans douleur,

il se penche ramasser,

quelque monnaie éculée,

quelque sou épuisé,

d'un jadis resplendissant,

cependant que s'entend,

au loin,

le froissement soyeux,

d'une légère robe d'été,

sur un tendre sein frémissant.

*

Tes vingt ans mon amour,

vivent en moi,

comme au premier jour.

*

Le poète se promène,

qui ne peut rien oublier,

écrin immuable,

de tes jeunes années.

PH.

 

 

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 27 Mars 2016

Lui et  moi

Fax...

Le soir, dans son odeur familière,

il plonge son nez,

s'emplissant de l'instant.

 A son coté, dehors,

sur les marches de la cuisine,

il caresse son long poil doux,

d'une main aimante,

Tandis que l'étoile au dessus,

d'un toit de maison,

brillante,

fixe le regard de l'homme,

assis avec son chien.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 4 Mars 2016

Disjoints

...

Suivre le tranchant de la montagne, sectionnée d'un tumulte d'eau furieusement descendante, défendante . Une eau rocailleuse.

En haut un reg, le plateau pierreux qui a tué le mot verdure.

Et là en tombeau immuable: un monastère de pierre...

Pendu au bord de la falaise, en vertige suicidaire. Interminable, la sente qui se démène d'y arriver. Plus que solitaire , déserte, plus que déserte , abandonnée.

C'est tout en haut et cela pourrait être aux tréfonds.

Cela a toujours été, insu...!

le monastère traversé : une pièce ascétique sol de terre battue et une salle d'eau aride où l'anormal cohabite,co-exigüe...

il y a cette porte de bois ancestral qui enferme la cour intérieure, ceinte de poussière séculaire, de pierres en mur à droite . A gauche l'abrupt chute interminable vers le monde disparu... Ici est né le mot à-pic ... Silence et poussière sont un.

Pendu à l'aplomb de la falaise un arbre mort étranglé entre quelque crevasse où s'accrochent pétrifiées trois racines pour deux branches d'un gris immanent...

Et là : l'enfant.

Suspendu au dessus du vide abyssal. Se tenant des deux mains au bout de sa branche, trois quatre ans tout au plus. Sec comme un kéké... Déterminé. Verrouillé. Positionné. Entêté. Obstiné. Réfugié.

Pas un mot . Mutique.

La première fois je ne parviendrai pas même en haut. Je resterai à flanc de montagne, assis au bord du torrent à regarder disparaître la petite robe de fête. Des mots ainsi , des mois ainsi. Je me perdrai à redescendre dans le tumulte des autres, fuyant ma source. Croyant faire un choix .

Puis je reviendrais sans un mot, sans déranger, sans savoir l’évidence, aider, tenter de le sauver . Le confortant ainsi dans son choix.

Des mois encore...et me voici là . Tous les soirs je viens me coucher à côté , de lui , sur la terre. Je ne sais pas les mots, je ne sais pas les gestes, je ne sais pas les larmes, je ne sais pas la prière.

Je sais qu'il est moi, je me reconnais enfin. Mais lui qui connait-il encore ?

l'arbre est généalogique ? Mort.

Il attend que je lui rende justice.

" Elle me fait mal " dit il le jour où enfin il quitte l'intenable et vient s'assoir sur le bord de la falaise.

Si loin encore.

Nous sommes là.

Au bord du vide.

Disjoints.

Philippe.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 23 Février 2016

Adonna Khare. Artiste.

Adonna Khare. Artiste.

Je suis en exil, de moi même.

Lors des jours de mon enfance, un cataclysme invisible m'a expulsé de mon être, je suis devenu en moi même un étranger. Un déraciné.

Parfois au hasard d'un détour je reviens à ma propre source, mais comme je suis égaré, la topographie des lieux m'échappe et sitôt l'instant d’après je vagabonde à nouveau à la recherche de la plénitude.

Je suis perdu.

Quelques-uns plus aguerris que moi, plus avancés, parfois m'indiquent le chemin de leur propre trace, d'autres plus centrés m'inspirent quelques espoirs, l’œil du cyclone me laisse alors penser que je suis parvenu à un accord avec moi même, mais je suis perdu à jamais.

J'ai cerné la nature et l'origine de cette déflagration lente, mais tout cela reste comme dans une boule à neige posée sur une étagère de ma compréhension, sans que je puisse intervenir pour sauver celui qui y est enfermé.

Je suis en exil de moi même, la conscience de cela rajoute à ma souffrance et j'aimerai parfois retourner à la myopie ordinaire.

Je répète à l'infini les mêmes erreurs, tombe dans les mêmes ornières et inlassablement m'en extirpe le temps d'y rechuter.

Certainement cela me permet-il de mieux comprendre autrui, de l'accepter dans sa difficulté à être, mais pas moi même.

J'aimerai d'un mouvement d'épaule, me dégager et laisser glisser à mes pieds nus, ma carapace pachydermique puis m'éloigner seulement vêtu d'innocence, de bonté et de bienveillance.

Mais je chemine sans fin, affamé, sur les routes de mon exode, alors que s'éteint l'espoir de m'agenouiller un jour prés de ma source.

Philippe.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 18 Février 2016

photo : Artur Politov.

photo : Artur Politov.

Je fais trois pas,

mains de soie, figure d'écorce,

la route est là à perte de toi.

Je fais trois pas,

mains de bois, peau parchemin,

la route est noire au fond de moi.

Je fais trois pas,

mains à marée basse, corps en ressac,

la route se tait, la route n'est plus.

Moi aussi, moi aussi j'arrive...

comme un géant, moi aussi comme un amant,

Moi aussi, moi aussi, j'arrive, en fuyant,

je suis encore loin devant,

si la vie me manque, je ne sais plus qui, ni trop quoi.

A perte de toi, moi aussi,

badadi badadam, lalali, lalaaalam, lalailiaam

moi aussi, moi aussi j'arrive aimant,

je fais trois pas,

mains enrouées, deux larmes éraillées, figure de pluie,

la route est toi, la route est moi.

Je fais trois pas,

badadi badadam, lalali, lalaaalam, lalailiaam...

mains de baisers, cœur dénoué

la route est tellement mieux que ça.

Je fais trois pas,

mains de dentelle, figure de joie,

et tu es là.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 13 Février 2016

Nicolas Rubinstein, Mickeyscull II

Nicolas Rubinstein, Mickeyscull II

N'être attaché à rien.

Mépriser l'étoile sous laquelle je suis venu.

S'émanciper par le doute, l'iconoclastie, le sentiment d'absurdité, par la bienveillante méfiance envers mon moi.

Se déprendre de l'obsession insipide d'être utile.

Tuer scrupuleusement la grandeur, toute vérité majestueuse.

Assouplir la morale ancestrale et les coutumes honorables.

Abolir l'idée du mérite.

Discréditer en moi toute croyance, combler toute profondeur d'esprit, ensevelir toute mélancolie, fouler aux pieds toute idée de sérieux, manies qui font vivre l'infatuation.

Saper l'architecture de toute vanité.

Errer ensuite dans ce désastre de moi. Appauvri, ruiné sans plus d'attaches.

A la porte... du Soi.

Libre de devenir.

PH.

Rédigé par Nathanaël

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Publié le 9 Février 2016

De plomb et de dentelle.

Pachyderme aux ailes de libellule, je me sens fait de plomb et de dentelle.

*

Il est presque impossible de se faire un manteau de lumière dans ce monde.

Comme si une balance aux sourcils broussailleux examinait chaque instant de béatitude, et le compensait scrupuleusement par une perte équivalente.

Quand bien même parviendrions nous à un consentement quant à cette situation, sur l'échelle vers les étoiles le prochain barreau se briserait et nous revoilà à terre.

*

Maintenir tout l'espoir du Paradis est un travail acharné.

PH

Rédigé par Nathanaël

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Publié le 26 Janvier 2016

La meule

La meule du temps

tourne inlassablement

broyant les jours,

Déjà il me semble

que les années de l'hiver

creusent leurs sillons,

Ravinent les dernières heures d'autonome

Jettent leurs frimas

dans le dos de mes pas,

Mon temps devient le bouclier

derrière lequel mes enfants poussent

je suis l'arc-boutant

au temps qui érode,

ceux qui me précédaient

sont passés,

Que dans ma trace

les miens soient épargnés

de l'inéluctable,

autant que possible.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 23 Janvier 2016

Photo: Thierry Courteau

Photo: Thierry Courteau

La vie écrit pour nous des textes lumineusement contradictoires.

Comme le vent qui fait trembler les feuilles de l'arbre dans tous les sens, la vie froisse comme une feuille de papier le peu du monde que l'on espère.

Elle glisse le grain de sable de sa farouche multiplicité dans l'ardente cérémonie humaine, et c'est beau.

Certains, les fiers, y voient la main de la duplicité, de la sournoiserie, ils élévent leur muraille de chine, se rencognent, se rabougrissent, ils ne naitront pas à leur vie.

D'autres joignent leurs mains, ils ont cette bonté qui ne demande pas de récompense, et ploient l'échine à la tristesse de leur mémoire. Ils ont posé à terre leur rêves d'absolu et ne cherchent pas à coloniser le ciel. Ils ont désarmé. Ils sont beaux, ils sont humains.

Ils auront la joie simple, improviseront le monde à chaque instant, engendreront un soleil plus pur que le soleil.

La vie... Elle est la pourvoyeuse de l'inattendu.

Le ressentir est la marque de la plus profonde poésie.

Chaque seconde est une indécise empoignade d'Amour et de Néant.

Et c'est terriblement beau.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits

Publié le 21 Janvier 2016

Café I

Le livre que je tiens dans mes mains, se met parfois à pleurer.

PH.

Rédigé par Nathanaël

Publié dans #ecrits